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Théo Hernandez : conjuguer sport et architecture

Portraits d'anciens

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22/07/2024

En 2021, Théo Hernandez a été diplômé d’État d’architecture du DEM ALT de l’ENSAL. Passionné par l’architecture et le sport depuis son plus jeune âge, il est aujourd’hui architecte pour le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques - COJO de Paris 2024. 


Bonjour Théo, pourrais-tu nous parler de tes études ? 

Après un bac scientifique – sciences de l’ingénieur, j’ai intégré l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand pour réaliser une licence d’architecture. J’ai suivi ma troisième année de licence à Polytechnique de Madrid, dans le cadre d’un Erasmus. L’occasion pour moi de développer mes compétences linguistiques en espagnol. 

Pour poursuivre mes études, j’ai décidé d’intégrer le Master d’architecture à l’ENSAL. Déjà animé par le sport et l’architecture, j’ai souhaité intégrer le Domaine d’études de master Architecture latérales théorisées –  ALT. Après quelques discussions avec son responsable, Gilles Desevedafy, ALT me paraissait proposer une pédagogie et des thématiques libres. Le DEM me laissait l’opportunité de travailler sur les architectures sportives, notamment les stades. C’est également à l’ENSAL que j’ai réalisé mon Habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre --HMONP. 

Être à Lyon, c’était également l’opportunité pour moi de pouvoir conjuguer plus facilement mes études et ma pratique sportive. En effet, à côté de mes études, j’étais meneur de jeu à l’ASVEL, l’équipe de basket de Villeurbanne. 


Pourquoi l’architecture ? 

Je suis passionné de sport depuis mes 7 ans et d’architecture depuis mes 9 ans. À travers ma pratique architecturale, je veux transmettre des émotions fortes aux gens comme dans ce que je peux vivre avec le sport. 

Petit, je disais souvent : « je veux faire des espaces où les gens seront heureux ». 


Peux-tu nous dire quelques mots sur ton Projet de fin d’études - PFE et ton mémoire, tous deux sur la thématique de l’architecture sportive ? 

Mon souvenir le plus marquant de mes études à l’ENSAL est sans aucun doute le jour de ma soutenance de PFE. Il a été l’aboutissement de tout mon travail et l’occasion de présenter mes travaux aux personnes qui ont été importantes durant mon parcours. 

J’ai su très tôt que je voulais que mon PFE porte sur les Jeux Olympiques et Paralympiques – JOP. Encadré par William Vassal, enseignant à l’ENSA, j’ai porté mon travail sur l’élaboration de constructions éphémères et réutilisables en bois pour l’évènement. En 2020-21, beaucoup de constructions utilisaient le bois à Paris et ce matériau facilitait la réutilisation des structures. J’avais pensé le projet de manière à proposer une construction logique liant les infrastructures sportives et logistiques. 

Le maître-mot de mon projet c’était l’immersion. J’ai imaginé des infrastructures dans la ville de Paris, du Trocadéro à l’école militaire, en passant par le champ de Mars et la Tour Eiffel. L’idée était d’utiliser une ville déjà existante avec ses constructions, elles aussi, existantes et d’y déposer des structures éphémères qui pourraient être réutilisées ensuite ailleurs. 

À travers ces structures éphémères, il était aussi question de la vision écologique en mettant en avant le fait que les JOP peuvent prioriser l'accessibilité à des spectateurs ex-presentia ou à des spectateurs in-presentia, plus proches géographiquement des sites concernés. Il faut remettre dans son contexte mon travail, qui avait lieu durant la Covid-19. Pour des raisons sanitaires et écologiques, les JOP étaient donc en transition. Toujours dans l’idée d’une immersion totale, j’avais d’ailleurs proposé au jury de mon PFE une mise en scène avec des appareils photos braqués sur eux tout au long de ma présentation. 

Pendant un an, j’ai également été encadré par Manuel Appert et Guillaume Bodet, directeur de Sciences et techniques des activités physiques et sportives - STAPS. Mon mémoire portait, lui aussi, sur l’architecture sportive et s’intitule « La fin du stade ». Il interroge la place et l’avenir de ces structures sportives, construites pendant l’ère moderne (à partir du 19siècle). En effet, elles prennent souvent de la place et ne rentrent pas dans les valeurs de l’architecture frugale. Même si des réutilisations sont possibles, si l’effervescence autour du sport diminue, que pouvons-nous faire d’elles ? 


Quel est ton parcours après l’école ? Que fais-tu aujourd’hui ? 

Après mes études, j’ai très vite intégré le domaine architectural en travaillant, notamment au sein de l’agence Z architecture. Une expérience enrichissante qui m’a permis d’expérimenter la pluridisciplinarité, le travail en équipe, mais aussi de développer mon ouverture d’esprit. 

Si je devais définir mon parcours, je dirai qu’il est un ensemble de lien qui finissent par se connecter. En quittant l’école en 2021, j’avais soumis une candidature spontanée au COJO de Paris, en envoyant la vidéo réalisée dans le cadre de mon PFE.

C’est finalement en mai 2023, que le Comité m’a appelé pour faire partie du projet. À l’époque en poste chez Z architecture et après discussion et encouragements de William Vassal, j’ai accepté leur offre. Aujourd’hui, je suis donc l’un des deux architectes du site d’escalade du Bourget. Lors des jeux, il accueillera 2 compétitions, 3 épreuves et 7000 personnes. 

L’arrivée imminente des jeux nous porte. Au sein du COJO, les relations et la communication que l’on a avec les autres membres et les entreprises sont enrichissantes et dynamisent notre quotidien. 

Travailler pour un projet d’une telle ampleur, permet de développer ses compétences de communication mais aussi, d’appliquer certains enseignements appris à l’école. En effet, tout l’aspect de la gestion d’un projet est précieux : savoir concevoir un espace, comprendre son organisation, ses flux, etc. Il est essentiel de savoir adapter les plans au site, par exemple et de maîtriser la conception d’un espace. L’école m’a appris à concevoir mais également à réfléchir un espace et cette dimension m’ait primordiale aujourd’hui. 

Pour finir, d'un point de vue personnel, les JOP c'est l'occasion de revenir à ma source de motivation initiale : rendre les spectateurs heureux et favoriser une expérience unique.


Tu conjugues aujourd’hui tes deux passions, quel lien fais-tu entre les 2 ? Qu’est-ce d’être architecte pour toi ?

Pour moi, le sport m’apporte tout d’abord la valeur de la transmission. C’est aussi l’occasion de développer ma combativité et de sociabiliser. À travers le basket, comme sport collectif, j’ai pu apprendre à jouer en équipe, à savoir être managé et manager les autres. Des notions qui sont, selon moi, transposables à la pratique de l’architecture pour laquelle il est important de savoir travailler en équipe et de se dépasser continuellement. 

La pratique d’un sport permet également de mieux comprendre les pratiques et les usages et ainsi d’améliorer sa conception architecturale. Elle me permet d’être plus juste dans la réalisation des constructions auxquelles je participe. 

 

Un conseil ? 

Mes enseignants ont souvent souligné mon opiniâtreté. Je dirai que c’est un trait de ma personnalité qui m’a permis d’être déterminé et persévérant dans ce que j’entreprends.

Et si j’avais un conseil plus général à donner, ce serait de : « Ne rien lâcher ». Selon moi, la curiosité est également une qualité à développer pour les architectes. 


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